EC 135 , le Supercopter du SAMU  

 

Extraordinaire engin à tout faire, l’hélicoptère de transport sanitaire confirme sa position de composante majeure de l’assistance médicale d’urgence.

 

 

 Une intense activité règne au centre de régulation du SAMU 94 de Créteil, un de ceux qui exploitent l’EC 135, le nouvel appareil biturbine de la gamme Eurocopter. Il y a comme un petit air de tour de contrôle dans cette salle bourrée d’ordinateurs et depuis laquelle sont déclenchées les missions d’urgence en hélicoptère.

 Deux c’est mieux qu’une.

  Vous l’avez compris, il ne s’agit pas des roues de bicyclette mais du nombre de turbines qui doivent équiper les hélicoptères de transport sanitaire. C’est probablement ce que se sont dit les responsables de l’administration pour rédiger le texte de la réglementation européenne concernant le transport public et sanitaire en hélicoptère.

 Cette directive a naturellement généré une nouvelle race de machines dont une qui depuis six mois, interpelle les riverains de l’hélistation de l’hôpital Henri Mondor de Créteil, dans le Val de Marne. Il s’agit du tout nouvel Eurocopter EC135 mis en oeuvre par le Service Médical d’ Urgence 94 (SAMU) et exploité par la société Hélicap.

 Avec aujourd’hui 10 appareils en exploitation et un 11éme  en commande, Hélicap est le premier utilisateur de la nouvelle machine d’Eurocopter, un biturbine particulièrement adapté au travail des SAMU c’est-à-dire au transport médical d’urgence.

 Client de lancement de l’EC135, qui connaît un succès grandissant, Hélicap exploite ses appareils dans les unités SAMU de Créteil, pour la région  Ile-de-France, d’Amiens, de Dijon, de Limoges, de Montpellier, d’Orléans, de Saint Etienne et de Toulouse.

 Fort de ses dix appareils, Hélicap le numéro un français de l’évacuation sanitaire confirme l’excellent comportement du nouvel hélicoptère du constructeur européen et sa position parmi les opérateurs de SAMU.

                «L’hélicoptère ce n ‘est pas nouveau pour le SAMU 94, souligne le Dr Alain Margenet, le «Patron» de ce SAMU. En effet, c’est en 1983 que le premier appareil, un Ecureuil monoturbine déjà exploité par Hélicap, a débuté ses opérations dans la région parisienne. Depuis ce sont 10904 missions et plus de 7780 heures de vol qui ont été accumulées avec ce Formidable outil ».  Mais pour le SAMU 94 la page Écureuil est définitivement tournée depuis l’arrivée de l’EC 135.

 Un appareil plus performant

 Inutile de vous dire que les équipes du SAMU sont complètement « séduites » par l’EC 135 et que le souvenir de l’Écureuil est déjà loin. « Cette nouvelle machine offre une grande disponibilité, une grande fiabilité et des possibilités opérationnelles nouvelles, explique Alain Margenet.  Nos 15 ans d’expérience dans l’évacuation sanitaire en hélicoptère nous ont permis, avec Hélicap, de faire le bon choix »  Mais ce qu’apprécient également les opérateurs du SAMU c’est la configuration générale de la nouvelle machine qui offre un confort accru, dispose d’un plancher plat, d’une possibilité de chargement du patient à la fois par l’arrière et par les portes latérales, mais également de l’absence quasi-totale de phénomènes vibratoires transitoires. Une caractéristique importante quand il s’agit d’intuber un patient en vol mais aussi pour le transport pédiatrique.

 « Le Fait d’avoir un appareil plus confortable et plus grand nous permet d’être plus à l’aise pour les gestes médicaux » précise également le Dr Catherine Bertrand, médecin-régulateur du SAMU 94. Mais l’EC 135 présente également un avantage non négligeable pour les riverains d’Henri Mondor son silence. Sa configuration aérodynamique, sa nouvelle tête de rotor et son Fenestron, avec espacement asymétrique des pales, ont permis de réduire le sifflement à pas élevé et d’abaisser le bruit à un niveau inférieur de 7 dB à celui imposé comme limite par les nouvelles normes de l’ OACI.

  Tous ces avantages ne participent pas nécessairement à une augmentation du nombre de missions. L’hélicoptère est réservé aux missions de détresse et essentiellement au transport d’urgence. Par la force des choses ce sont des missions courtes. En effet, compte tenu de sa vocation il est impossible d’utiliser l’hélicoptère pour faire du transport de type air ambulance, c’est-à-dire des missions de longue durée, car à tout moment celui-ci doit pouvoir être disponible pour une urgence.

 La procédure d’envoi d’un hélicoptère est simple. A la suite d’un appel d’urgence émanant des sapeurs-pompiers ou de la police c’est le médecin régulateur du département qui prend la décision d’envoyer un appareil équipé SMUR, accompagné de son binôme médecin-infirmier.

 Mais cet envoi peut être accompagné, voire précédé, de celui d’une équipe terrestre qui effectue une reconnaissance et procède à un premier examen du patient pour confirmer la mission. Si tel est le cas, son déclenchement se fait dans les plus brefs délais.

 Le pilote, qui ne fait pas partie du personnel SAMU mais de l’exploitant, Hélicap dans ce cas précis, est détaché au SAMU. « Nous effectuons une semaine de permanence, quasiment H24 c’est-à-dire du lever au coucher du soleil, car dans le cas du SAMU de Créteil aucune mission nocturne n’est programmée. Nous explique Rémi Plauzolles, un des pilotes de I’EC 135. Nous avons ensuite une semaine de repos. » Ancien pilote de l’ALAT, Rémi aligne 5 300 heures de vol sur pratiquement tous les types d’hélicoptères. Pilote à Hélicap depuis 1994, il fait partie de ceux qui « tournent » dans les différents SAMU de France exploitant les EC 135. Il joue un peu le rôle de pilote remplaçant comme dans une patrouille. Pour lui l’EC 135 représente une révolution dans le matériel de transport sanitaire. Il n’est pas avare de compliments pour sa belle machine.

 Aujourd’hui en France, le transport aérien sanitaire est un marché en plein développement pour les exploitants d’hélicoptères. Hélicap devrait disposer prochainement d’une flotte de 12 appareils EC 135. Il est vrai que Michel Capoulade, son président a su anticiper et mettre à profit les directives européennes en matière d’évacuation sanitaire en s’équipant d’appareils bimoteurs. Cette directive très contraignante s’avère, à l’expérience, appréciée des équipages et des professionnels du SAMU. Certes cette réglementation impose des contraintes techniques et financières énormes comme par exemple le coût de la qualification des équipages. Il faut également tenir compte du coût d’exploitation plus élevé compte tenu du prix d’achat de l’appareil et par conséquent de son amortissement.

 « Notre Flotte est composée de matériels modernes mais aussi et surtout d’équipes professionnelles, pilotes et mécaniciens au sol, particulièrement ef­ficaces. Aujourd’hui un bon opérateur de SAMU est celui qui a ces bonnes équipes » —explique Michel Capoulade.

 Aujourd’hui, les exploitants d’hélicoptères sanitaires sont confrontés à un nouveau projet de réglementation européenne qui imposerait un 2éme équipier. Une décision qui, si elle venait à être adoptée, n’arrangerait pas les choses sur le plan financier. En effet, les SAMU qui fonctionnent avec l’argent public, grâce à l’aide de l’Agence régionale de l’hospitalisation d’Île-de-France et de l’Assistance Publique-Hopitaux de Paris dans le cadre d’une convention signée entre le Conseil régional d’Île-de-France et l’Association départementale d’assistance médicale d’urgence, ne peuvent dépasser un budget déjà fort serré. 

Note : ce texte est paru en 1998 dans la parution "Aviation & pilote " n° 294 pages 62 à 65.

à la date d'aujourd'hui, avril 2000, Hélicap possède 12 EC 135.